יהי זכרו ברוך
להלן תקציר של אחת מדרשותיו:
כתוב בתורה "וְשָׁב ה' אֱ-לֹהֶיךָ אֶת-שְׁבוּתְךָ וְרִחֲמֶךָ וְשָׁב וְקִבֶּצְךָ
מִכָּל-הָעַמִּים אֲשֶׁר הֱפִיצְךָ ה' אֱלֹהֶיךָ שָׁמָּה". פסוק זה, כותב
הרב, עוסק בגאולה השלישית. בימי שני בתי המקדש - כך דברי הרב - היינו כילדים, אבל
עכשיו התבגרנו. עכשיו אהבתנו להקב"ה דומה לאהבת מבוגר לאביו ולא לאהבת ילד לאביו.
והנה עינינו הרואות את הגאולה השלישית. הרב כותב את דבריו אלה כלפני 120 שנה
כשבאירופה, התקיימו זה אחרי זה, הקונגרסים
הציוניים העולמיים.
הרב ממשיך ואומר: כתוב בתהלים קכ"ו: שִׁיר הַמַּעֲלוֹת, בְּשׁוּב ה' אֶת
שִׁיבַת צִיּוֹן הָיִינוּ כְּחֹלְמִים - אז היינו כחולמים אבל היום
לא!! בית המקדש הראשון היה כנגד אברהם אבינו, בית המקדש השני כנגד יצחק אבינו,
ובית המקדש השלישי יהיה כנגד יעקב אבינו, שעליו אמר רבי יוחנן במס' תענית ה/ב
"יעקב אבינו לא מת". ובמילים אחרות: בית המקדש השלישי לא ייחרב לעולם.
אמת שלפי מידת הדין, הגאולה קרובה לבא אם ישובו ישראל בתשובה, אבל יש דרך
נוספת כותב הרב: אם ישתפו בני ישראל את הקב"ה בצרתם, אז יצליחו לעורר את
חמלתו ורחמנותו.
אמרו רבותינו מדרש נפלא בילקוט
שמעוני על תהלים (רמז תרעט): א"ר יודן: משל למה הדבר דומה? לאשה
שעומדת ללדת. אולם, באותו יום, הכעיסה את אימהּ שנפרדה ממנה ועלתה לעליית הגג.
כשהאישה כרעה ללדת, התחילה לצעוק מרוב כאבים. כששמעה האם את צעקותיה, גם היא צעקה
כנגדה למעלה. באו השכנות ואמרו לאם: "מדוע את צועקת, וכי את יולדת?!";
אמרה להן: "בתי יולדת בצער, ואף על פי שהכעיסה אותי, איני יכולה לסבול את
צעקותיה, אלא הריני צועקת ביחד עמה, לפי שצרת בתי גם צרתי". וכך אומר הכתוב:
"יִקְרָאֵנִי וְאֶעֱנֵהוּ" - מדוע? כי "עִמּוֹ אָנֹכִי בְצָרָה".
רבי יצחק מסיים את דרשתו על פי נבואת
דניאל. גלויות ישראל נחלקו לארבע תקופות: גלות בבל, גלות פרס, גלות יוון וגלות
אדום. נגד נבוכדנצר הבבלי, שהתייחס אל עצמו כאל
(בחלום הצלם), אנחנו אומרים "אין כאלהינו". נגד המן הפרסי, שהכריז על
עצמו שהוא "האדון הכל יכול", אנחנו אומרים "אין כאדוננו". נגד
אלכסנדר מוקדון, המלך הגדול היווני, אנחנו אומרים "אין כמלכנו"; נגד "אותו
האיש", שהנוצרים משתחווים אליו והוא שולט על ממלכת אדום, והכריז על עצמו שהוא
מושיע את כל האנושות, אנחנו אומרים "אין כמושיענו".
La synagogue a été inauguré au nom de Rabbi Isaac Drai, grand-père du
président de la communauté, M. Jacky Drai. Mais qui était ce maitre?
Rabbi Isaac Drai est né en 1873 à Constantine en Algérie. Il étudia à la
Yechiva 'Ets 'Haim fonde 500 ans plus tôt par le Ribach, Rabbi Isaac bar
Chechet, qui comptait parmi les autorités rabbiniques médiévales
Séfarades les plus importantes de
son temps. Grâce à ses prodigieuses connaissances talmudiques et
mystiques, Rabbi Isaac Drai occupa le poste rabbinique de Sétif, ville située
au nord-est de l'Algérie. "Juste en toutes ses voies, et généreux en tous
ses actes", Rabbi Isaac était estimé de tous les habitants de sa région, toutes
religions confondues. En plus du fait qu'il dirigeait sa communauté, Rabbi
Isaac écrivit des sermons et rédigea des documents cabalistiques destinés aux
seuls initiés.
On raconte à son propos que lorsque la Première
Guerre mondiale éclata, Rabbi
Isaac écrivit un talisman à chacun des soldats juifs sétifiens, talisman où l'on pouvait lire trois lettres hébraïques, Yod-Beth-Kouf,
acrostiche des mots: יַעֲנֵנוּ בְיוֹם קָרְאֵנוּ: "Il nous exaucera le jour où nous
l'invoquons" (Ps. 20: 10). Tous ces soldats furent envoyés à la bataille
de Verdun, conçue par les Allemands pour saigner à blanc l'armée française, bataille
qui fut l'une des plus inhumaines de l'histoire de la guerre durant laquelle près
d'un million de soldats Français et Allemands ont été tués, blessés ou portés disparus. Malgré
cette horrible boucherie, tous les Poilus Juifs sétifiens rentrèrent chez eux sains et saufs.
Sentant sa dernière heure approcher, Rabbi Isaac confia ses manuscrits à
l'un de ses disciples, Rabbi Chelomo Bouzo
puis rendit son âme à D.ieu le 22 Sivan 1927 alors qu'il n'avait que 55
ans. Croyant qu'il n'était pas à la hauteur de conserver les précieux manuscrits, le disciple se
dépêcha de les enterrer près de la tombe
de son maitre. Plus tard, lorsque Rabbi Chelomo décida de monter en Israël, Rabbi Isaac lui apparut en rêve en lui
demandant d'emporter avec lui ses écrits, qui finalement arrivèrent entre les
mains de Rabbi 'Hanania Drai, rabbin de Jaffa qui les imprima dans l'un de ses
livres.
Rabbi Isaac apparut à nouveau en rêve à l'un des membres de sa famille en lui demandant d'exhumer
son corps pour l'enterrer en Israël. C'est alors que commença une véritable
aventure et finalement, le corps fut déplacé de Sétif à Sanhédria (Jérusalem),
49 ans après le décès du maitre.
L'inauguration de cette nouvelle synagogue m'a donné l'occasion de résumer l'une
de ses homélies écrites en Judéo-arabe (grâce à l'aide aimable du professeur
Ilan Na'hem) et restées jusqu’à présent lettre morte.
Il va de soi que ces documents ne sont pas un simple discours hebdomadaire mais
le fruit d'une pensée longuement murie durant des semaines, peut-être même des
années. Pour mieux en saisir la portée, j'ai cru bon de décrire auparavant le
contexte dans laquelle elle a été rédigée.
A l'époque de Rabbi Isaac, l'Algérie est plongée dans une crise grave, démographique,
économique et sociale. Crise démographique: une terrible sècheresse sévit dans
tout le bassin méditerranéen et causa la mort de plusieurs centaines de
milliers d'individus. Un homme sur cinq mourut en Algérie de faim, de typhus et
de choléra et bien entendu, la communauté juive ne fut pas épargnée. Crise
économique: A la suite de la conquête de l'Algérie par Napoléon III en 1830,
des milliers d'hectares passèrent sous le contrôle de la métropole et
l'entraide tribale disparut. Ajoutez à cela le Franc, cette nouvelle monnaie
qui remplaça le boudjou ottoman, et que les autochtones ne savaient pas
toujours utiliser à bon escient, causant ainsi la recrudescence de mercantis et
d'usuriers. Crise sociale: près de 35.000 Juifs algériens se trouvaient entre
le fer et l'enclume jusqu'au décret Crémieux qui leur accorda d’office en 1870 la
citoyenneté française, les démarquant ainsi jusqu’à l'indépendance de la
population indigène.
Voici l'abrégé d'un des discours du maitre écrit en
judéo-arabe, qui semble être, à mon humble avis, une parole de réconfort
adressée à ses ouailles
dans cette période difficile, peut-être même leur seul réconfort moral. Ce
discours laisse transparaitre son immense désir de monter en Israël et de voir
la construction du Troisième Temple de Jérusalem.
Il est écrit dans la Thora: "L'Éternel, ton Dieu, te prenant en pitié,
mettra un terme à ton exil. Il te rassemblera du sein des peuples parmi
lesquels Il t'aura dispersé." (Dt. 30:3). Cette prophétie, non encore
accomplie, annonce l'ère messianique toute proche. A l'époque du premier et du
second Temple, le peuple d'Israël vivait son enfance mais aujourd'hui, il est
devenu adulte. Nous aimions D.ieu tel un enfant aime ses parents mais
aujourd'hui nous l'aimons tel un adulte aime ses parents! Ainsi le Psalmiste
écrit: "… Quand l’Eternel ramena les captifs de Sion, nous étions comme rêveurs"
(Ps. 126: 1): nous étions des rêveurs mais aujourd'hui, nous ne rêvons
plus! (Il est à noter que Rabbi Isaac écrivit ces lignes il y a environ 120 ans
alors qu'en Europe se réunissaient l'un derrière l'autre les premiers Congrès
sionistes mondiaux).
Si le premier Temple fut placé sous l'égide d'Abraham, le second sous celle
d'Isaac, le troisième le sera sous celle de Jacob à propos duquel dit le Talmud
(Ta'anith 5 b): "Notre Père Jacob n'est pas mort". En d'autres
termes, le Troisième Temple sera inaltérable.
Les Textes dans leur ensemble affirment que le Messie ne viendra que si
Israël se repent. Mais il existe un autre moyen d'accélérer l'ère messianique:
celui d'associer D.ieu à nos propres souffrances. C'est l'histoire, dit le
Midrach (Yalkouth Chimoni, Ps. 679) d'une femme qui est sur le point
d'accoucher. Le même jour, elle mit en colère sa mère qui monta à l'étage.
Lorsque la parturiente ressentit ses premières douleurs, elle se mit à crier en
bas et sa mère en fit de même en haut. Les voisines accoururent et dirent à la
mère: "Mais pourquoi cries-tu? Ce n'est pas toi qui accouches!". La
mère répondit: "Bien que ma fille m'est mise en colère, sa souffrance est
également la mienne!". Ainsi il est écrit יִקְרָאֵנִי וְאֶעֱנֵהוּ "Il
m’appelle et je lui réponds", Pourquoi? Parce que עִמּוֹ אָנֹכִי
בְצָרָה "Je
suis avec lui dans le malheur". (Ps. 91: 15)
Rabbi Isaac termine son sermon en citant une prophétie de Daniel qui dit que l'exil
d'Israël est partagé en quatre époques: babylonienne, perse, grecque et
romaine. A Nabuchodonosor, roi de Babylone, qui s'est lui-même proclamé dieu,
nous dirons: אין כאלקינו "Nul n'est comme notre D.ieu!". A Hamman, qui a voulu
être le maître tout-puissant de la Perse, nous proclamerons: אין כאדוננו
"Nul n'est comme notre
Maitre!". A Alexandre le Grand, le célèbre roi grec, nous annoncerons: אין כמלכנו
"Nul n'est comme notre
Roi!" et à celui qui a prétendu être le sauveur de l'humanité, symbole de
Rome et de la Chrétienté, nous crions haut et fort: אין כמושיענו "Nul
n'est comme notre Sauveur!".
Rabbi Isaac fait partie de ces géants spirituels restés dans l'ombre parce
qu'ils rédigèrent dans la langue vernaculaire de leurs fidèles. Un jour viendra
peut-être où ses écrits seront traduits et mis à la disposition du grand
public. Pour l'instant, une synagogue à Jérusalem porte son nom et ceux y
pénètrent se posent au moins la question de savoir qui était ce maitre.
